Les fêtes du Centenaire de l'Algérie


Ces jours derniers on embarqua
Allah chouïa barka
Le Président de la République
S’en allant en Afrique
Pour les fêtes du Centenaire,
Ah mon Dieu quelle affaire !
Il était escorté de trois cents députés.
Sur le bateau, oh !
L’roulis et l’tango
Mirent à l’épreuve les plus costauds.
Seul Gastounet, eh !
Était à son aise et tout guilleret, ah mais !
Le Président, toujours souriant,
Dit comme c’est charmant c’voyage d’agrément.
J’suis enchanté d’cette’bonn’ traversée
Où j’ai plus tangué qu’au bal d’l’Élysée.

Puis à Alger on débarqua
Allah chouïa barka
Devant les colons aussitôt l’Président dit deux mots :
« Travaillez comm’ vos pères, car le travail libère,
Travaillez comm’naguère travailla... la moukère,
Travailla... Bono.
Un grand Sidi dit
Missié Président je t’offre ce joli pur-sang.
Tu l’attelleras, s’pas,
Au char de l’Etat qui march’ra mieux comme ça.
Le Président toujours souriant
Dit Merci vraiment de votre présent.
Je suis charmé, j’vais l’faire empailler
Pour le transporter jusqu’à l’Elysée.

On arrive aux mines de Gafsa
Allah chouïa barka
Devant tout l’phosphate qu’on extrait
Ah ! s’écrie Gastounet,
Un de mes anciens confrères, qui s’appelait Fallières,
Dut trouver dans cett’ mine sa fameuse phosphatine.
Mais aussitôt, oh !
V’là qu’le directeur dit Je vous offre de grand coeur
Un train complet, eh !
De superphosphate et de minerai, ah mais
Le Président toujours souriant
Dit merci vraiment de votre présent.
Je l’ferai placer sur ma cheminée
Quand je s’rai rentré seul à l’Élysée.

Le cortège arrive à Biskra
Allah chouïa barka
Là dans ce climat merveilleux
Tout pousse on ne peut mieux,
Des palmiers magnifiques donn’t des dattes... historiques,
On dit même que l’chiendent donn’ trois récolt’s par an.
V’là qu’un arbi dit,
Sortant d’son gourbi avec deux chameaux assortis :
Mon Président, prends,
Si t’as des p’tits gosses ils s’en payeront une bosse.
Le Président toujours souriant
Dit merci vraiment de votre présent.
A l’Elysée, soit dit entre nous,
Quand j’les regarderai je penserai à vous.

Le cortèg’ s’enfonce dans l’Sahara,
Allah chouïa barka
Un grand caïd les invit’ tous à manger le couscous.
Tous les parlementaires s’tapent le derrière par terre
N’y a que c’lui du Président qu’est confortablement.
Après l’repas, ah !
Aux jolies houris voici que Gastounet sourit.
L’amphitryon dit : emport’ je t’en prie
Cell’ que tu trouv’s jolie.
Le Président, d’un air mécontent
Refus’ carrément c’cadeau en disant
Ca va sans dire que si j’ai l’sourire
C’est qu’jamais ma foi j’n’ai eu d’femm’ chez moi.

Pour la France on s’réembarqua,
Allah chouïa barka
Quand le bateau sortit du port
« Ah ça c’est un peu fort, dit un parlementaire,
Moi j’ai pas vu l’centenaire,
Avant notre arrivée, ils ont dû l’zigouiller ! »
Mais c’qu’on s’en fout, nous, c’qu’on s’est tapé l’chou
C’qu’on a pu boire ah ça c’est fou !
Nos colonies, oui, sont vraiment utiles
V’là mon avis, je l’dis.
Le Président , toujours souriant,
Dit comm’ c’est charmant, c’voyage d’agrément.
Quant au centenaire, n’y a pas à s’en faire,
Car s’il existait, sûr’ment ça s’saurait !


1965



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